Je suis née et j’ai vécu la majeure partie de ma vie en Union soviétique. Dans l’union des peuples frères… Cette foi était si forte que le matin du 24 février fut un véritable choc. C’était un coup de tonnerre dans un ciel clair. Cette matinée a détruit les idées d’humanisme, de rationalité, de bien et de mal, et de justice.
On se disait que cette folie n’allait pas durer. Mais les bombardements sont devenus plus fréquents et plus violents. Il était difficile d’imaginer qu’on ne pouvait plus marcher dans la rue sans peur, dormir dans son propre lit sans craindre pour sa vie en entendant le sifflement des roquettes passant devant la fenêtre.
Des foules énormes ont quitté la ville dès les premiers jours, mais beaucoup ont continué à aller travailler. Les conversations ne portaient plus que sur ces terribles événements. Alors, on se rend compte qu’il n’y a rien de plus précieux que la vie de ses proches, que sa vie personnelle. Et tout ce qu’on a acquis s’évanouit au dernier plan.
Quand j’ai quitté Kharkov, la frénésie commençait à retomber. Les gens se sont progressivement habitués à la réalité. Je pense que tous ceux qui sont partis pensaient qu’ils reviendraient bientôt chez eux, que tout serait comme avant. J’avais un petit sac avec moi et serrais les clés de l’appartement dans mes mains, les larmes aux yeux, une prière et l’espoir dans mon âme que tout irait bien.
I was born and lived most of my life in the Soviet Union. In the union of brotherly peoples… This faith was so strong that the morning of February 24th was a real shock. It was a clap of thunder in a clear sky. That morning destroyed the ideas of humanism, rationality, good and evil, and justice.
We thought this madness would not last. But the bombings became more frequent and more violent. It was hard to imagine that one could no longer walk down the street without fear, sleep in one’s own bed without fearing for one’s life while hearing the whizz of rockets passing outside the window.
Huge crowds left the city in the first days, but many continued to go to work. Conversations were now focused only on these terrible events. Then you realise that there is nothing more precious than the lives of your loved ones, than your personal life. And everything we’ve achieved fades into the background.
When I left Kharkov, the excitement was beginning to subside. People were gradually getting used to reality. I think everyone who left thought they’d soon return home, that everything would be as it was before. I had a small bag with me and clutched the apartment keys, tears in my eyes, a prayer, and the hope in my soul that everything would be fine.
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